Just Kids, de Patti Smith


New York, fin des années 60.
Au coeur de ce mémoire, l’histoire du lien indissoluble entre deux futures figures emblématiques de la contre-culture. Poésie, art, musique, art de la débrouille et mondanités s’entremêlent au fil des pages, dans ce récit initiatique, touchant et poétique . Un chef d’oeuvre.

Dans ces 278 pages, la Marraine du Punk revient sur sa relation avec le photographe Robert Mapplethorpe, rencontré à New York durant l’été 1967. À vingt ans, fraîchement débarquée dans la métropole avec quelques fringues et les vers des poètes maudits qu’elle affectionne, Smith connaît brièvement la rue, avant que le hasard lui présente le grand et mince garçon aux cheveux bouclés qui deviendra son âme soeur. Une histoire d’amour, d’amitié et de profond respect, d’art et de dévotion – Smith nous raconte sa propre New York, celle de la Beat Generation et de la contre-culture, du rock’n’roll et de la vie bohème. Essayant de se faire une place dans le milieu artistique, le jeune couple fauché mutualise ses maigres ressources, économisant jusqu’au dernier quart de dollar pour pouvoir entrer chez Max’s, où Patti et Robert passent leurs soirées, dans l’espoir d’être invités à la table d’Andy Warhol. Au fil des années, Smith et Mapplethorpe se soutiennent sans faille, dans la galère comme dans les succès, unis par un lien profond et imbrisable, qui se métamorphosera avec la découverte de l’homosexualité de Mapplethorpe.

Les après-midi à Coney Island, le séjour à l’Hôtel Chelsea, le sandwich d’Allen Ginsberg, les peines d’amour de Janis Joplin, la rencontre avec Jimi Hendrix…Dans Just Kids, références et figures iconiques de l’époque s’entrêmelent dans ce récit exquis de trajectoires individuelles, peignant aussi bien le tableau vivant d’une jeune génération rêveuse, idéaliste et exaltée.

Just Kids
Patti Smith
HarperCollins, 2010
Anglais 🇺🇸
Mémoire, autobiographie


C’est pour qui?

Rockers et âmes bohémiennes,
Fans de New York et de récits autobiographiques.
Prose poétique, soigneusement imagée.

Attention: la traduction française existe, je n’en parle pas car je ne l’ai pas lue!

RIOT GRRRLS, de Manon Labry


Riot grrrrls, chronique d’une révolution punk féministe a été publié en 2016 dans l’excellente collection Zones des Éditions La Découverte. Vous le trouvez aussi en entier gratuitement ici et si vous voulez vous plonger dans l’histoire de ce mouvement féministe iconique, je ne peux que vous conseiller de lire cette chronique captivante que nous a offert Manon Labry, docteure en civilisation nord-américaine et spécialiste des relations entre culture dominante et sous-cultures alternatives aux États-Unis. Dans sa thèse, elle s’intéressait au cas de la sous-culture punk féministe et elle également publié Pussy Riot Grrrls, Émeutières, aux Éditions IXE.

Riot Grrrls
Manon Labry
Zones, La Découverte, 2016
Français 🇫🇷
Chronique de mouvement musical

Dans cette chronique, Labry retrace l’histoire du mouvement riot grrrl né au début des années 90 aux États-Unis. On dit que toute cette histoire commence en 1989: après une décennie de politiques conservatrices, des jeunes femmes exaspérées poussent un cri de révolte. Chacun le sien, car elles ne se connaissent pas entre elles : certaines sont à Washington DC, d’autres à Olympia, d’autres encore à Portland…Ce qu’elles ont toutes en commun, ce sont les dix ans de présidence Reagan qu’elle viennent de subir. De manière paradoxale, le fameux conservatisme des années 80, qui essayait de faire reculer la condition féminine à ce qu’elle était avant les conquêtes d’après 68, fournira tous les ingrédients pour provoquer l’explosion de la troisième vague féministe, dont les riot grrrls constituent une icône symptomatique.

D’abord, il y avait des jeunes étudiantes, chacune cultivant une pratique artistique, grâce à laquelle elles exprimaient des frustrations liées à leur propre condition de femme. Ce qu’elles avaient en commun, c’était le sentiment de vivre dans une société qui les condamnait à la mort psychique à travers la propagande de la culture mainstream, truffée d’injonctions oppressantes sur leurs corps et leurs rêves. Pour résister, elles écrivaient des fanzines, organisaient des performances, fréquentaient la scène punk pour suivre les quelques groupes féminins qui y militaient.

C’est justement à un concert que les chemins de trois futures riot grrrls emblématiques ont fini par se croiser : Kathleen Hanna, Tobi Vail et Kathi Wilcox vont former le groupe culte Bikini Kill. En parallèle, d’autres formations féminines et féministes voyaient le jour aux quatre coins des Etats-Unis et de leur rencontre était né un fanzine appelé riot grrrl, première version du véritable futur mouvement.
Dans ce pamphlet auto-édité, les jeunes femmes invoquaient une révolution féministe généralisée sans objectif précis.

En quelques mois, cette impulsion était devenue un mouvement collectif, décentralisé et sans leader, qui se propagea et fonctionna uniquement grâce à la motivation spectaculaire de ses membres, jusqu’à sa dissolution vers 1996 – moment où la scène punk rock était devenue apanage de l’ennemi MTV.

Riot grrrl a été le premier mouvement féministe dans l’histoire des musiques populaires et il reste aujourd’hui unique en son genre. Cet ouvrage, bien qu’il s’adresse à un public initié, peut être apprécié par tout lecteur désireux de découvrir le mouvement. L’intérêt de ce livre réside dans sa double nature : d’une part, il s’agit d’une anthologie exhaustive décrivant précisément la scène musicale et ses actrices ; d’autre part, sa structure de chronique le rend plus agréable à la lecture que le serait une anthologie classique. Le registre informel et le ton enjoué de l’autrice confèrent à l’ouvrage une légèreté rare dans la littérature musicale, sans rien enlever à la qualité du contenu. De nombreuses images provenant d’archives privées ajoutent une dimension très intéressante à cet ouvrage. Une vraie pépite!


C’est pour qui?

Punks, fans de chroniques musicales.
Lecture féministe, jouissive, informelle.
Revolution, girl style, now!